Cas clinique: Concha bullosa et Maux de tête


La Concha bullosa est une malformation du cornet moyen caractérisée par une pneumatisation du cornet moyen.



Bien que le plus souvent asymptomatique, la Concha bullosa peut être responsable de maux de tête violents, d'obstruction nasale, ainsi que de réduction des capacités de drainage et d'aération des sinus antérieurs de la face.


L'obstruction d'une concha bullosa par oedème muqueux peut conduire à l'apparition d'une infection appelée pyocèle.



Cet article intéressant présente le cas d'une volumineuse concha bullosa infectée se manifestant sous un tableau clinique de migraines.

Cas clinique:

Patient de 51 ans au passé de migraine, consultant pour des maux de tête pulsatiles apparus depuis 1 mois s'aggravant de façon régulière, résistant aux traitements antalgiques habituels. 

L'examen fibroscopique retrouve un volumineux cornet moyen  droit sans anomalie muqueuse associée, ni rhinorrhée purulente, responsable d'une déviation septale contro-latérale.

Le scanner des sinus révèle une volumineuse concha bullosa D dont la cavité apparaît totalement opaque associée à une déviation septale à convexité G. Les sinus apparaissent normaux hormis une légère opacité affectant la bulle ethmoïdale droite.


scanner des sinus


Scanner des sinus montrant la Concha bullosa D infectée (flèche). 

Déviation controlatérale de cloison

Aération normale des sinus de la face.









Sur la base des résultats cliniques et radiologiques, le diagnostic de mucocèle surinfectée de la concha bullosa D a été établi. 

Une chirurgie endonasale est alors entreprise associant à une résection du cornet moyen D a été réséquée une ethmoïdectomie antérieure droite. La concha bullosa contenait de grandes quantités de pus que l'analyse bactériologique rapporte à une infection par Citrobacter Koseri.

Ce traitement chirurgical complété par une antibiothérapie adaptée a permis une amélioration clinique rapide du patient, avec notamment une disparition totale de ses maux de tête.

Lors des examens de suivi à 1 mois, 6 mois et 12 mois , le patient ne présentait plus de maux de tête, et l'endoscopie nasale était normale.

Avis du Dr Gilles Ayoun :

La concha bullosa est l'anomalie la plus fréquente (15%) de l'anatomie sinuso-nasale touchant le plus souvent le cornet moyen. Cette anomalie peut être uni ou bilatérale. Sa muqueuse et son système de drainage muco-ciliaire n'est pas différente de celle qui tapisse le reste des sinus. L'obstruction de l'ostium de la concha bullosa peut conduire à l'élaboration d'une mucocèle, qui lorsqu'elle devient infecté, est appelée pyocele.


Concha bullosa G
La concha bullosa est habituellement asymptomatique  Cependant son caractère obstructif du méat moyen peut aboutir à l'apparition de maux de tête, douleurs orbitaires, exophtalmie, écoulement nasal, obstruction nasale, ou baisse de l"odorat.


L' IRM ou le scanner des sinus permettent le diagnostic et d’évaluer d'éventuelles complications intracrâniennes et/ou orbitaires.


L'association concha bullosa et maux de tête :
De nombreuses études ont permis de retrouver une corrélation entre l'existence d'une concha bullosa et des maux de tête invalidants alors que les sinus sont normaux. Ces douleurs sont liées au contact muqueux cornet-cloison.
Ces points de contact entraineraient par une libération de substance P, neuromédiateur des fibres C nociceptives d'origine trigéminales, localisées au niveau de la muqueuse nasale. cette libération de substance P s'accompagne de la libération d'autres peptides (calcitonin generalated peptid, vasoactive intestinal peptide..) qui vont entretenir le mécanisme inflammatoire.



Le Traitement
Les concha bullosa asymptomatiques ne nécessitent aucun traitement. 

La chirurgie endonasale est absolument nécessaire en cas de maux de tête violents,  de complications sinusiennes, ou de l'installation d'une infection du cornet moyen bulleux (pyocèle). Cette chirurgie associe drainage et exérèse de la concha bullosa éventuellement étendue au sinus ethmoïdo-maxillaire contigus.




Reference : April 30, 2012 by Rabia Shihada, MD; Michal Luntz, MD Ear Nose Throat J. 2012 May;91(5):E16


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